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Comment anticiper l’impact de la crise Covid-19 sur ma trésorerie ?

Un virus venu de Chine et voilà que votre entreprise est à l’arrêt ou presque. Face à cette situation inédite, comment réagir pour protéger votre société ?

Même si vous pensez avoir suffisamment de trésorerie pour tenir quelques mois, prenez le temps de vous poser les bonnes questions : il en va de la pérennité de votre entreprise.

Voici quelques conseils pour prendre du recul sur vos besoins potentiels et sur les démarches à entreprendre pour sortir de la crise sanitaire et financière sans y laisser trop de plumes.

Les conséquences potentielles de la crise sanitaire sur votre trésorerie

L’arrêt de vos chantiers ou la suspension de vos affaires en cours entraîne une perte de chiffre d’affaires d’un côté, et de l’autre, des risques sur votre besoin en fonds de roulement (BFR).

Afin de déterminer si votre trésorerie vous permettra de tenir, traduisez votre réalité en chiffres, car la crise peut avoir un impact à plusieurs niveaux sur votre activité, qu’il est essentiel de mesurer pour prendre les bonnes décisions.

  1. Perte de chiffre d’affaires = perte d’exploitation. C’est simple comme bonjour : économie à l’arrêt va de pair avec un manque à gagner. Si vos clients ne commandent plus ou si vos fournisseurs ne livrent plus, vous pouvez être contraint de suspendre provisoirement votre activité. Par conséquent, le confinement rime avec perte ou réduction de chiffre d’affaires.
  • Il est important de mettre les choses à plat en établissant un compte de résultat mensuel récapitulant l’état de votre entreprise jusqu’au déclenchement de la crise et faisant apparaître vos estimations pour les mois à venir, en particulier le montant de la perte de chiffre d’affaires. Si vous avez l’habitude d’établir un budget, vous n’aurez qu’à l’actualiser en simulant l’impact de la crise Covid-19 mois par mois.
  • Vos charges fixes doivent dans l’ensemble être payées, hormis les potentiels décalages de loyer, de factures d’énergie et les économies issues de la mise en activité partielle de certains de vos salariés.
  • Tout cela mis bout à bout vous permettra de déterminer votre capacité d’autofinancement (CAF). C’est le chiffre d’affaires généré par votre activité dont sont déduites toutes les charges (achats de matières premières, charges externes, impôts et taxes, frais de personnel, frais financiers, charges exceptionnelles…) et qui vous permet d’investir et de rembourser le capital de vos éventuels emprunts. Il convient bien entendu de tenir compte des potentielles mesures d’activité partielle que vous aurez pu mettre en œuvre. Cette notion de CAF est très importante, car elle va vous permettre d’apprécier votre capacité à « passer le cap ». A partir de la CAF, vous pouvez calculer un flux de trésorerie après remboursements d’emprunts et investissements nommé Free Cash-Flow.
  • Si le Free Cash-Flow est positif, cela signifie que vous aurez la capacité de rembourser un éventuel nouvel emprunt. S’il est négatif, les banques auront des doutes sur votre capacité à honorer votre dette. Votre Free Cash-Flow pourra être négatif pour les mois à venir, par contre, il faudra simuler la trajectoire de votre entreprise sur les prochaines années pour mesurer votre capacité future à investir et à rembourser de nouveaux emprunts.
  • En parallèle, il est nécessaire d’établir également un tableau de trésorerie qui récapitule mois par mois vos encaissements et vos décaissements pour déterminer vos variations de trésorerie. Cela vous permettra d’évaluer dans quel état sera votre compte en banque à la fin de l’année, et de déterminer l’ampleur de votre besoin.
  1. Augmentation du BFR. Autre conséquence handicapante de la crise sanitaire actuelle : vos clients ne vous paient plus ou vous demandent des délais supplémentaires, mais vous devez tout de même financer vos stocks et payer vos fournisseurs. Quelques réflexions sur le BFR :
  • Stocks: la crise fait-elle peser un risque sur vos stocks ? Y a-t-il des dates de péremption sur les produits que vous avez à l’entrepôt, y a-t-il une perte de valeur en raison d’une diminution des cours de matières ?
  • Clients : vos clients rencontrent les mêmes difficultés que vous. Vous aurez à faire face à des retards de règlement, des pertes sur créances clients, et lorsque la reprise sera là, certains délais de règlement pourraient s’allonger, ce qui engendrera chez vous des besoins de trésorerie supplémentaires.
  • Fournisseurs : pour ne pas risquer de perdre les conditions négociées avec vos fournisseurs, il faudra continuer à les payer sous les mêmes délais qu’avant la crise, sous peine de voir votre crédit fournisseurs réduit. De plus, si les compagnies d’assurance-crédit dégradent votre cotation, vous serez contraint de payer vos fournisseurs plus rapidement. N’en rajoutons plus, la coupe est pleine… vous aurez un besoin encore plus aigu de cash.
  • Administrations publiques: L’Etat a annoncé prendre en charge le coût de l’activité partielle (nouvelle dénomination du chômage partiel). Toutefois, il reste beaucoup d’inconnues concernant l’étendue de la prise en charge : quel sera le montant exact, et pour combien de temps ?
  1. Des investissements en pause. Si votre activité dépend des investissements des autres, réfléchissez à l’état de votre carnet de commandes pour les semaines à venir et formalisez cela dans vos prévisions financières, en partant du principe que votre activité risque de mettre du temps à se relancer malgré la fin du confinement.

Avec tous ces éléments de réflexion en tête, vous serez à même de déterminer si votre entreprise est en difficulté ou si votre trésorerie vous permettra de maintenir la tête hors de l’eau le temps que la relance soit là. Dans le cas où vos difficultés s’avèrent sérieuses, que faire ?

Les mesures à prendre en cas de difficultés liées à la crise sanitaire

Vous avez entrepris de reporter toutes vos factures d’électricité, de gaz, d’eau, avez négocié avec votre bailleur un report des loyers et la plupart de vos salariés sont en chômage partiel. Si ces reports ne suffisent pas à couvrir vos besoins en trésorerie, voici des pistes pour obtenir le cash complémentaire dont vous avez besoin pour passer la tempête.

  1. Report d’échéances de prêts ou de crédits-baux. Les banques et les crédits-bailleurs sont enclins à accorder des reports de remboursement, demandez-leur rapidement de décaler de 6 mois vos prochaines échéances.
  2. Faire des demandes de remboursement de TVA et de crédits d’impôt. L’administration fiscale rembourse actuellement plus vite les sommes de TVA dues aux entreprises, ainsi que les montants restituables de type CICE, crédit d’impôt recherche ou crédit d’impôt pour la formation des dirigeants. Même si vos comptes 2019 n’ont pas encore pu être déposés, vous pouvez faire les démarches et le plus tôt sera le mieux.
  3. Faire la demande de report de paiement de vos impôts directs. L’administration fiscale admet les demandes de report des impôts directs (impôt sur les sociétés, taxe sur les salaires, CFE, CVAE), voire même la remise, en cas de difficultés caractérisées qu’un report de paiement ne permet pas de surmonter. Le formulaire est disponible en ligne.
  4. Prêt Garanti par l’Etat (PGE). Si votre besoin de trésorerie est vital pour la poursuite sereine de votre activité, alors il peut être judicieux de faire une demande auprès de vos banques, qui exigeront un dossier relativement précis justifiant vos besoins (d’où l’utilité d’avoir établi un « business plan coronavirus »). Le montant du Prêt Garanti par l’Etat peut s’élever à 25% maximum du chiffre d’affaires HT du dernier exercice. La garantie accordée par l’Etat couvre 90% du montant du prêt, les 10% ne doivent faire l’objet d’aucune demande de garantie ou de sûreté de la part des banques. L’entreprise bénéficie d’un différé de remboursement de 12 mois et a la possibilité à l’issue de ces 12 mois d’amortir son prêt sur 1 à 5 ans. Les banques privilégient les co-financements avec d’autres banques, mais pas obligatoirement avec Bpifrance.

Si malheureusement ces mesures s’avéraient insuffisantes, il conviendra de réfléchir à des mesures préventives moyennant l’ouverture d’un mandat ad hoc ou d’une procédure de sauvegarde.

Transversale Conseil vous accompagne dans cette période difficile : nous vous aidons à déterminer votre besoin en trésorerie, en modélisant votre perte d’exploitation, votre besoin en fonds de roulement réactualisé en fonction des retours de vos clients, de vos fournisseurs, de vos partenaires (factor, banques…) et de l’état de votre trésorerie avant la crise.

Contactez Thomas Fischer au 06 17 99 43 29 ou Laura Wagner au 07 52 60 71 94, nous vous répondrons avec plaisir.